Je n’y crois pas c’est merveilleux ! Pour moi c’est fabuleux, quand dans les cieux, nous partageons ce rĂȘve bleu Ă deux.
VoilĂ la rĂ©action que j’ai eue quand j’ai dĂ©couvert que les Ă©ditions Hachette sortaient une suite de réécriture de nos Disney prĂ©fĂ©rĂ©s, et que le premier de cette collection « Twisted Tale » n’Ă©tait autre que le lĂ©gendaire Aladdin .
Bien le bonjour jeunes gens !
J’ai rĂȘvĂ© pendant des annĂ©es d’avoir le mĂȘme volume capillaire que Jasmine, j’ai bassinĂ© mes parents pour adopter un tigre, j’ai souhaitĂ© trĂšs fort avoir un tapis magique, et cherchĂ© des amis aussi drĂŽles que le gĂ©nie. Concernant le premier et le dernier point, je peux dire que mes vĆux ont Ă©tĂ© exaucĂ©s. Quant au reste, je me dis que je peux toujours continuer de rĂȘver #espoir
Vous l’aurez compris, Aladdin est un des chef-dâĆuvre Disney qui a particuliĂšrement touchĂ© mon enfance et qui continue de me faire rĂȘver malgrĂ© mes 25 ans bien tassĂ©s. C’est donc avec plaisir que je me suis replongĂ©e dans la magie des mille et une nuits, curieuse de dĂ©couvrir cette nouvelle version qui, je vous le dis tout de suite, ne manquera pas de vous ravir.
La magie reflĂšte l’Ăąme de celui qui la contrĂŽle
Aladdin, « Ce rĂȘve bleu »
Une version inattendue
J’Ă©tais vraiment trĂšs curieuse de connaĂźtre cette réécriture, mais j’avais aussi trĂšs peur que les premiers chapitres soient longs et en quelques sortes inutiles dans le cas oĂč ils reprendraient le dĂ©but de l’histoire telle que nous la connaissons dĂ©jĂ tous. PAS DU TOUT. L’histoire s’ouvre sur un premier chapitre narrant une scĂšne totalement nouvelle, car complĂštement absente du dessin animĂ©.
On y retrouve Aladdin au dĂ©but de son adolescence, vivant avec sa mĂšre qui, dĂ©jĂ Ă l’Ă©poque, devait l’empĂȘcher de s’attirer trop d’ennuis avec les marchands. On nous y dĂ©peint la vie Ă Agrabah, surtout l’existence au sein de la communautĂ© des Vauriens, ce qui nous plonge immĂ©diatement dans une ambiance beaucoup plus noire que celle dont Disney nous fait profiter habituellement. Ce point ajoute plus de rĂ©alisme Ă l’histoire, car il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici de la vie de personnes prĂ©caires au quotidien vraiment difficile, personnes ayant Ă©normĂ©ment de mal Ă sortir de la misĂšre dans laquelle ils sont nĂ©s. On nous explique aussi en quoi cela est presque impossible. La suite des Ă©vĂšnements suit fidĂšlement le dessin animĂ©, nous apportant toutefois certaines prĂ©cisions apprĂ©ciables, sans pour autant que cela soit redondant ou que cela traĂźne en longueur.
L’Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur de cette version arrive au moment oĂč Aladdin doit sortir de la caverne. Souvenez-vous : dans la version originale, Aladdin ne doit toucher Ă rien du tout – mis Ă part la lampe – pour pouvoir ressortir sain et sauf de la caverne. Mais c’est sans comptĂ© sur la cupiditĂ© de son singe Abu, qui se saisit d’un Ă©norme rubis fiĂšrement entreposĂ© dans les mains d’une statue clairement flippante. DelĂ les entrailles de la terre se mettent Ă frĂ©mir, et une course poursuite sur le dos du tapis commence pour essayer de rejoindre Ă temps l’entrĂ©e de la caverne (le tout sans se faire Ă©craser par des pics de roche se dĂ©tachant du plafond). Aladdin arrive tout de mĂȘme Ă attraper un rocher et, suspendu au-dessus du vide, demande alors Ă Jafar, dĂ©guisĂ© en vieillard, de lui tendre la main pour l’aider. Ce Ă quoi notre Grand Vizir si dĂ©testĂ© lui rĂ©clame d’abord la lampe. AprĂšs l’avoir rĂ©cupĂ©rĂ©e, Jafar tente alors de le poignarder, mais Abu dĂ©fend son ami, et ils tombent tous les deux dans le fond de la caverne qui se referme sur eux. Et c’est prĂ©cisĂ©ment lĂ que le changement intervient : Abu n’a pas rĂ©ussi Ă reprendre la lampe, qui se trouve toujours entre les mains de Jafar et celui-ci entame alors l’exĂ©cution de son plan machiavĂ©lique… MalgrĂ© toutes les modifications qui vont s’ensuivre, des rappels Ă l’histoire originale reviendront rĂ©guliĂšrement, telles que quelques phrases cultes bien placĂ©es que je vous laisse le soin de dĂ©couvrir.
Pour ce qui est de la suite des Ă©vĂšnements, il est Ă©vident que je ne vous en parlerai pas de maniĂšre explicite dans cet article, car je ne voudrai pas vous gĂącher le plaisir de votre lecture et ainsi vous laisser dĂ©couvrir toutes les variantes qui ont Ă©tĂ© apportĂ©es. Mais je souhaiterai tout de mĂȘme mettre le doigt sur quelques points qui ne vous spoileront pas. Enfin pas trop . En effet, lors de son coup d’Etat , Jafar est pris d’une soif inextinguible de pouvoir, persuadĂ© que c’est ce qui le fera ĂȘtre aimĂ© du peuple et de Jasmine (d’ailleurs il a une sorte d’obsession pour la princesse, c’est incroyable…). Il se met alors en quĂȘte de manuscrits anciens qui lui permettront de devenir un sorcier encore plus puissant, et finira par dĂ©couvrir un terrible secret : celui de ramener les morts Ă la vie. Et c’est comme ça qu’il commence Ă crĂ©er une armĂ©e composĂ©e de ses soldats tombĂ©s. Devenus donc une sorte de zombies appelĂ©s goules , ils sont semble-t-il dĂ©nuĂ©s de conscience et obĂ©issent aveuglĂ©ment Ă ce nouveau sultan.
Quant Ă Jasmine, prisonniĂšre de Jafar, elle se voit contrainte de l’Ă©pouser. En essayant de la protĂ©ger, Raja est blessĂ©. MalgrĂ© la puissance de son geĂŽlier, Aladdin parvient Ă l’aider dans son Ă©vasion et elle Ă©chappe de justesse Ă ces noces forcĂ©es. Plus tard, Raja la rejoindra, encore convalescent du choc subi. Connu jusqu’alors comme l’ami et le protecteur de la princesse , cet animal va aussi devenir un dĂ©clic pour que le peuple s’oppose Ă son oppresseur. Une rĂ©bellion se met alors en place : la Griffe de Raja , un symbole fort et Ă©vocateur du danger Ă venir.
L’histoire suit alors son cours, jusqu’Ă arriver Ă son dĂ©nouement. Jafar est renversĂ© alors qu’il n’a pas encore eu l’occasion de prononcer son troisiĂšme et dernier vĆu. Jasmine doit choisir entre lui octroyer un procĂšs Ă©quitable, sous peine qu’il rĂ©ussisse Ă s’Ă©chapper et Ă continuer son carnage, ou Ă lui prendre la vie. Un rebondissement inattendu se conclura par un dernier vĆu terrible qui aura des rĂ©percussions sur tous.
La liberté de choisir est bien plus importante que tout ce que tu souhaites
Jasmine, « Ce rĂȘve bleu »
De la profondeur pour les personnages
Les protagonistes emblĂ©matiques de ce dessin animĂ© sont ici dĂ©peints de façon beaucoup plus dĂ©taillĂ©e, et l’auteure leur donne pour certains une toute autre dimension.
Si Aladdin reste fidĂšle Ă son original, sa copie n’en est pas pour autant plus pĂąle puisque son besoin de justice a Ă©tĂ© accentuĂ©, surtout que l’on comprend l’origine de ce besoin dĂšs le 1er chapitre du roman (mais je reviendrai sur ce point plus tard). La communautĂ© des Vauriens est mise en avant et de nouveaux personnages font leur apparition, avec une utilitĂ© toute particuliĂšre pour la suite des Ă©vĂšnements. Ce sont aussi ces personnages qui nous apportent une certaine morale Ă l’histoire , ainsi que la possibilitĂ© de faire des parallĂšles avec les populations dĂ©favorisĂ©es de notre monde, et qui permettent enfin l’Ă©volution psychologique de Jasmine. En effet, cette princesse alors naĂŻve et ignorante du monde extĂ©rieur devient Ă leur contact une dirigeante pleine de potentiel : sans pitiĂ© pour ses ennemis, mais pleine de compassion et de comprĂ©hension pour son peuple, c’est une main de fer dans un gant de velours . La princesse se dĂ©voile comme une jeune femme pleine d’espoir, avec de grands projets pour son peuple, mais aussi avec des perspectives d’avenir pour elle-mĂȘme qui sont dans l’air du temps car il est ici question d’Ă©galitĂ© des sexes et de fĂ©minisme #girlpower
Le dernier personnage Ă avoir Ă©tĂ© approfondi par l’auteure est Jafar. C’est sur l’ampleur de sa folie que l’accent a Ă©tĂ© mis. On y dĂ©couvre une toute autre facette de sa personnalitĂ© et les lecteurs que nous sommes pouvons alors comprendre Ă quel point son esprit dĂ©rangĂ© est loin de la rĂ©alitĂ©. Comme je le disais plus tĂŽt, en plus de sa soif de pouvoir qui est je trouve un but assez « classique » pour un mĂ©chant, Jafar est obsĂ©dĂ© par Jasmine. Dans la version originale de Disney, s’il souhaite Ă©pouser la princesse, c’est uniquement pour asseoir sa lĂ©gitimitĂ© sur le trĂŽne d’Agrabah . Ici, Jafar demande au gĂ©nie de faire en sorte que Jasmine soit folle amoureuse de lui. Ce Ă quoi l’esclave de la lampe lui explique qu’il y a des lois qui ne peuvent pas ĂȘtre brisĂ©es : comme ramener les morts Ă la vie, ou encore forcer les gens Ă tomber amoureux. Mais alors pourquoi vouloir absolument gagner l’amour de la princesse si sa quĂȘte de lĂ©gitimitĂ© n’est pas son but ? L’auteure rĂ©pond subtilement Ă cette question dans son roman, et je vous laisse le soin de dĂ©couvrir cette vĂ©ritĂ© cachĂ©e entre les lignes đ
Ne laisse pas les injustices ni la pauvretĂ© dĂ©terminer qui tu es vraiment, continua-t-elle. C’est Ă toi de choisir ta destinĂ©e, Aladdin. Seras-tu un hĂ©ros qui veille sur les faibles et les dĂ©munis ? Seras-tu un voleur ? Seras-tu un mendiant, ou pire encore ? Tout dĂ©pend de toi, pas des choses – ni des gens – qui t’entourent, le choix t’appartient.
MĂšre d’Aladdin, « Ce rĂȘve bleu »
Des réponses à nos questions
Nombreux ont Ă©tĂ© nos questionnements quant au passĂ© de nos hĂ©ros favoris. OĂč est la mĂšre d’Aladdin ? Pourquoi le pĂšre de Jasmine se comporte-t-il ainsi ? Quand Aladdin et Abu se sont-ils connus ? Comment le gĂ©nie s’est-il retrouvĂ© prisonnier de la lampe ? Qu’est-il arrivĂ© Ă Jafar pour qu’il devienne ainsi ?
Et bien je vous le dis : toutes ces questions trouvent leur rĂ©ponse dans ce roman. On nous explique tout d’abord la situation familiale d’Aladdin. MĂȘme si le second film nous a apprit pourquoi son pĂšre Ă©tait absent, le destin de sa mĂšre restait entier. Je vous laisse dĂ©couvrir le sort de cette femme, mais tout ce que je peux vous dire, c’est que la citation que vous venez de lire est d’elle, et qu’elle a laissĂ© une trace indĂ©lĂ©bile sur la morale de son fils (elle est aussi Ă l’origine de l’entrĂ©e d’Abu dans la vie de celui-ci). De plus, dans la version originale, on a l’impression que notre hĂ©ros est un personnage solitaire avec pour seul ami ce petit singe. On nous explique ici pourquoi Aladdin n’a pas vraiment d’entourage, et votre petit doigt vous dira certainement que cela a Ă voir avec les Vauriens , Ă juste titre.
Pour ce qui est de notre hĂ©roĂŻne, l’auteure reste brĂšve sur la mĂšre de Jasmine : celle-ci serait morte en couche. En revanche, elle nous fournit un peu plus d’explications sur le comportement du sultan qui nous est prĂ©sentĂ© comme un homme puĂ©ril , prĂ©fĂ©rant la compagnie de ses jouets pour enfants que la rĂ©gence de son royaume. On nous explique que cela aurait un rapport avec la disparition de son Ă©pouse , mais cela reste des suppositions qui sont faites par l’un des personnages. Je vous laisse le soin de vous faire votre propre avis đ
Enfin, c’est aprĂšs nous avoir dĂ©voilĂ© un pan du passĂ© de Jafar, qui n’a pas vĂ©cu des choses jolies, que l’auteure nous dĂ©voile des Ă©vĂšnements sur la vie du gĂ©nie. En effet, une erreur de jeunesse l’aurait amenĂ© Ă se faire emprisonner dans la lampe, le coupant ainsi de sa famille et de sa libertĂ©. Je n’en dirai pas plus sur ce point car je trouve son histoire si touchante qu’il serait dommage de vous la dĂ©voiler ici.
C’est sur cette chronique ultra positive de ce premier opus de la collection Twisted Tale que je vous abandonne. Mais ne vous en faites pas, je reviendrai bien assez tĂŽt avec un nouvel article. D’ailleurs mon petit doigt me dit que cela aura un rapport avec des Pirates au beau milieu des mers des CaraĂŻbes…
A trĂšs bientĂŽt !
Aurélia